Malgré son jeune âge, Delia, chirurgien plasticien, a subi une formation en chirurgie cranio-faciale et en chirurgie ORL et se dédie maintenant à la chirurgie réparatrice et esthétique de la tête et du cou en plus de la chirurgie plastique générale. Elle participe à de nombreuses missions dans le monde, en particulier en Haïti.
IL VOUS FALLAIT CETTE EXPÉRIENCE CRANIO-FACIALE POUR EXERCER CETTE CHIRURGIE PARTICULIÈRE ?
La cranio chirurgie est un domaine très pointu car l'on y traite des malformations qui sont assez rares et l'approche y est particulièrement complexe. Il s'agit d'opérations faites en équipes, auxquelles sont parfois associés les neurochirurgiens. Cette spécialisation est rare, et, pour les cas les plus délicats, on accourt à Paris de l'Europe entière.
Si bien que vous bénéficiez d'une connaissance particulièrement approfondie des structures sur lesquelles vous opérez actuellement ?
Je me sens effectivement bien équipée pour tout ce qui concerne la chirurgie cutanée au niveau de la face et du cou. Ce que l'on nomme les tissus mous (peau et sous-peau).
EN DEHORS DE VOTRE ACTIVITÉ RÉGULIÈRE, VOUS EFFECTUEZ TRÈS SOUVENT DES MISSIONS HUMANITAIRES.
Oui, c'est ce que l'on appelle la chirurgie en milieu précaire. Il s'agit de se trouver là où l'on nous réclame. Cela fait partie, à mon avis, de notre vocation professionnelle.
MAIS COMMENT PEUT-ON CONDUIRE DES OPÉRATIONS DÉLICATES DANS UN ENVIRONNEMENT DÉLABRÉ ?
C'est le défi, en effet. Le chirurgien ne peut pas être opérationnel s'il n'est pas précédé par la logistique. Sinon, il vaut mieux qu'il s'abstienne. C'est là qu'une organisation telle que Médecins sans Frontières est irremplaçable.
SANS LOGISTIQUE, POINT DE CHIRURGIE DONC, VOUS EXERCEZ DEUX PROFESSIONS ?
Je ne me sens pas trop différente dans l'une ou l'autre situation. Certes, les conditions ne sont pas les mêmes. Mais en situation d'urgence, on acquiert une expérience à la fois humaine, intellectuelle et, évidemment, pratique. Il s'agit de faire un travail raffiné dans des conditions difficiles. Il est vrai qu'en humanitaire, toutefois, je me consacre surtout à la chirurgie réparatrice des membres.