« Nous vivons dans un pays extraordinaire, car ici, quand un enfant subit une malformation ou une tumeur qui lui déforme le visage, il a accès à des soins très élaborés, totalement gratuits. Mais dans d'autres pays, des millions d'enfants n'ont pas cette chance. J'ai donc créé FACE AU MONDE pour porter secours aux enfants qui ne peuvent pas être opérés localement ».
Ainsi, Aïcha, 16 mois, amputée d'une main et défigurée suite à l'embrasement de sa couverture par une bougie mal éteinte dans le Sud algérien, a retrouvé son sourire à l'hôpital Armand-Trousseau à Paris. Elle y reviendra pour des opérations ultérieures, jusqu'à retrouver un visage quasi normal. C'est un médecin d'origine algérienne travaillant dans la banlieue parisienne qui avait envoyé une lettre accompagnée de photos suffisamment explicites. « Ensuite, on s'assure qu'aucune autre solution locale n'est envisageable. Puis on demande un devis à l'hôpital car les sommes en jeu sont importantes. À raison de 1 500 € à 2 800 € par journée d'hospitalisation, le traitement de cette petite fille a coûté plus de 10 000 €…». Reste la logistique à organiser, notamment l'obtention, pas toujours facile, de visas d'entrée en France.
Les parents de Rosie, à peine six mois, ont constaté la présence d'une sorte de boule sur son cou. Impossible de l'opérer dans son Tchad natal. Avertie de ce cas, FACE AU MONDE a décidé de la prendre en charge en urgence car cette boule mettait en danger sa capacité respiratoire et rendait de plus en plus difficile son alimentation. Rosie a été convoyée jusqu'à Paris grâce à Aviation Sans Frontières. Les examens qu'elle a passés en France, à l'hôpital Trousseau, au sein du service de chirurgie maxillo-faciale et plastique du Pr Marie-Paule Vazquez, ont révélé qu'il s'agissait d'un tératome, une pathologie complexe, qui dégénère fréquemment en tumeur maligne. L'intervention de Rosie a été repoussée plusieurs fois pour permettre aux chirurgiens de faire tous les examens nécessaires au bon déroulement de son intervention. Elle a été hébergée dans une famille d'accueil qui l'a conduite patiemment aux batteries d'examens qu'elle a dû subir. Elle a finalement été opérée : l'intervention a duré huit heures. Son sourire séduisant, après convalescence, a marqué tous les bénévoles de FACE AU MONDE.
« Elle a finalement été opérée : l'intervention a duré huit heures. Son sourire séduisant, après convalescence, a marqué tous les bénévoles de Face Au Monde. »
Aïcha et Rosie font ainsi partie des dix à quinze jeunes patient(e)s que l'association humanitaire prend en charge chaque année. Tous ont vécu une histoire souvent digne d'un conte de fées. Les autres se prénomment Denis, Louaï, Marita, Mario, Viktorn, et viennent de Roumanie, du Tchad, du Maroc, de Bulgarie, de Madagascar, et d'autres pays qui ne disposent ni des plateaux techniques ni des compétences humaines pour soulager les enfants atteints de malformations faciales sévères, de tumeurs de la tête ou de séquelles de traumatismes du visage. La chirurgie réparatrice de la face nécessite en effet le plus souvent la collaboration de nombreux experts neurochirurgiens, plasticiens, stomatologistes, pédiatres, dermatologues, ORL, radiologues, anesthésistes, etc., sans parler de plateaux techniques très sophistiqués. Le déplacement de ces compétences et du matériel nécessaire prendrait des dizaines d'années.
Les enfants restent en moyenne un mois à Paris. Ils sont pris en charge par des familles d'accueil bénévoles.
Pour faire face à ses engagements financiers, c'est-à-dire un budget d'environ 15 000 euros par enfant pris en charge, soit environ 200 000 euros annuels pour 10 à 15 enfants par an – étant entendu que tous les intervenants sont bénévoles – l'association repose exclusivement sur les dons de particuliers, qui peuvent, s'ils le souhaitent, prendre en charge un enfant déterminé.
À noter que FACE AU MONDE ne bénéficie d'aucun denier public, d'aucun soutien ni d'aucun tarif préférentiel de l'Assistance publique. Pour éviter les drames des enfants rejetés ou même quelquefois abandonnés du fait de leurs difformités (souvent associées à la sorcellerie), l'association organise des événements destinés à lever des fonds (tombolas, concerts ou tournois de golf). L'argent recueilli sert aussi à soutenir des actions de recherche pour les nouveaux traitements des difformités du visage.