UN ACCIDENT PAREIL, C'EST UN VÉRITABLE COUP DE MASSUE. COMMENT L'ENCAISSER ?
Que voulez-vous y faire ? On n'a tout simplement pas le choix. On prend les choses comme elles viennent, sans chercher à comprendre. Mais la première crainte, c'est la perspective de la dépendance car on ne peut pas se sortir seule d'une telle situation. C'est d'abord le corps médical, bien sûr. Avant même la cicatrisation complète de mes mains, j'ai commencé la rééducation avec les ergothérapeutes afin de retrouver une sensibilité et une certaine autonomie. J'ai dû apprendre à m'adapter, à dépasser la difficulté et à être patiente. Cela s'est fait assez naturellement. Le réapprentissage de la marche s'est passé de la même manière, avec l'aide des kinés et des prothésistes. Mais évidemment, j'ai souffert de faire souffrir mes parents, de leur avoir fait peur.
Il n'y a rien de pire que de voir un proche souffrir et avoir mal. C'est bien pire que d'avoir mal soi-même. Cela étant, sans le soutien de ma famille, je n'aurais pas pu m'en sortir ! Ils m'ont aidée à me projeter, à calmer mes angoisses, essayant toujours de créer un environnement heureux, afin de détourner mon esprit. Ils me permettaient de voir loin.
CELA VALAIT LA PEINE !
Effectivement. Au final, il n'y a pas un geste de la vie quotidienne que je ne puisse faire. Mais il m'a fallu être exigeante envers moi-même pour y parvenir.
ET D'UN POINT DE VUE PSYCHOLOGIQUE ?
Avant ma maladie, j'étais plutôt à l'aise face aux autres, mais j'étais quand même assez introvertie. À cet égard, rien n'a changé ! Enfin, si ! J'ai maintenant confiance en mon corps, qui a su se guérir et se remettre sur pied. Quant à la fatalité, il est vain de s'y attarder. Personne n'a la réponse car il n'y a pas de réponse.
VOS COPAINS DE CLASSE ?
Ce point est assez intéressant : dans une circonstance pareille, on reconnaît ses véritables amis, ceux pour lesquels les valeurs essentielles dépassent largement les mesquineries de cour de récréation. Il y a ceux qui n'ont pas compris que ce que j'ai subi, c'est un accident !
C'est comme si j'étais revenue du ski avec une jambe dans le plâtre ! Ce que je souhaitais, c'était de la bonne humeur et non quelconque apitoiement ! Il m'a fallu tout de même, là encore, une grande force pour faire fi de ceux qui n'ont pas compris ce qu'est un accident – qui peut arriver à tout le monde – et éloigner ceux avec lesquels on n'est plus sur la même longueur d'onde. Ce que j'ai gagné en tout cas, c'est un excellent discernement des êtres humains.
ÊTRE SURPROTÉGÉE PAR VOS PARENTS, CELA NE DEVENAIT-IL PAS ÉNERVANT ?
Non, ils ont su me laisser libre et n'ont jamais bronché quand ils me voyaient réapparaître d'une nuit en boîte avant potron-minet !