Pour reconstruire le sein après une mammectomie,
le chirurgien s'attache à redonner le volume manquant, puis à assurer la symétrie et enfin à reconstruire l'aréole.
Pour le volume, deux options se présentent : apport synthétique (prothèse) ou naturel (graisse).
On sait aujourd'hui que les prothèses doivent être changées régulièrement (usure, apparition d'une coque, modification de la forme de l'autre sein, etc.). Les chirurgiens s'intéressent donc de plus en plus aux solutions par reconstruction autologue, c'est-à-dire en prélevant du tissu sur une partie du corps pour le transposer dans la zone du sein opéré.
Dès 1982, cette procédure était connue sous le nom de TRAM (transverse rectus abdominis muscle). Il s'agissait de prendre à partir du muscle grand droit la peau et la graisse abdominale située sous le nombril. Cette technique avait un inconvénient : le succès dépendait de l'état du site donneur car on transposait le muscle et son aponévrose.
Depuis 1995, une nouvelle technique appelée DIEP (Deep Inferior Epigastric Perforator flap) porte la faveur des praticiens car on ne touche ni muscle, ni aponévrose. Le DIEP est un lambeau cutanéo-graisseux vascularisé par le pédicule épigastrique inférieur profond.
Cette procédure suppose évidemment que la patiente souhaite être reconstruite avec ses propres tissus, sachant que cette technique permet une reconstruction évolutive (variations pondérales, ptose…), définitive et naturelle (consistance) ;
Elle est particulièrement adaptée lorsque l'autre sein ne peut être imité du fait de sa conformation particulière.
Mais encore faut-il que la structure de l'abdomen soit propice au prélèvement d'un lambeau DIEP, ce que déterminera le chirurgien.
« L'APPARITION DE CETTE NOUVELLE TECHNIQUE DE RECONSTRUCTION SANS IMPLANT A PERMIS D'ÉLARGIR LES INDICATIONS DE RECONSTRUCTION MAMMAIRE IMMÉDIATE »
Si cette solution est retenue, la durée de l'intervention varie de cinq à sept heures, et la durée d'une reconstruction par lambeau DIEP bilatérale est estimée de 10 à 12 heures. Quant à la durée d'hospitalisation, elle est estimée à cinq à sept jours (alors qu'il fallait huit à dix jours avec la technique TRAM).
L'apparition de cette nouvelle technique de reconstruction sans implant permet d'élargir les indications de reconstruction mammaire immédiate. Le lambeau libre DIEP, qui – contrairement au lambeau TRAM – n'occasionne qu'exceptionnellement des nécroses partielles et tolère très bien la radiothérapie, est le lambeau de choix des reconstructions mammaires immédiates, car il permet les traitements adjuvants postopératoires sur le sein reconstruit (chimio- et radiothérapie).
Dans un avis publié le 7 août 2011, la Haute autorité de santé (HAS) se déclare favorable à l'inscription au remboursement de l'acte de « reconstruction du sein par lambeau cutanéo-graisseux libre de l'abdomen avec anastomose vasculaire » (technique DIEP). Cette technique bénéficie donc de l'aval des autorités sanitaires et permet une prise en charge adaptée par l'assurance-maladie, si bien que de nombreuses femmes pourront dorénavant bénéficier d'une reconstruction sans prothèse.
Dans les cas de cancers comme le carcinome infiltrant, le principe était de ne jamais retarder la mise en route des traitements adjuvants. Avant l'apparition du DIEP, la reconstruction mammaire était donc différée en raison de la nécessité :
Les indications préférentielles de mastectomie et de reconstruction immédiate étaient les cancers ne nécessitant pas de radiothérapie adjuvante ou incompatibles avec un traitement conservateur.