Pr Hu, quelle est l'origine de la chirurgie reconstructrice ?
L'homme a toujours cherché à réparer ou à restaurer les pertes de substance tissulaire du corps. Mais nombre de tentatives de transferts de tissus d'une partie du corps à une autre avaient échoué, particulièrement du fait de la non revascularisation des tissus transférés.
Sous microscope
Quel déclic a permis son succès ?
Il y a quatre décennies, grâce à la maîtrise des techniques de réparation sous microscope des petits vaisseaux vasculaires, la microchirurgie reconstructrice a vu le jour. Depuis, elle s'est considérablement développée.
Raccordement minutieux
Quel est le principe de la microchirurgie ?
Le principe fondamental de la microchirurgie reconstructrice est le prélèvement des tissus avec leurs propres vaisseaux sanguins sur une partie du corps (site donneur), pour les transférer vivants sur une autre partie du corps (site receveur), tout en rétablissant la vascularisation grâce aux raccordements minutieux des vaisseaux sanguins sous microscope
Les chirurgiens plasticiens du monde entier ont participé à des recherches très poussées sur l'anatomie microchirurgicale du corps humain et ont découvert un très grand nombre de sites donneurs utilisables en microchirurgie reconstructrice.
De multiples applications
Quelle est l'étendue de ses applications dans les grands centres spécialisés de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ?
Aujourd'hui, on peut traiter par la microchirurgie reconstructrice une très grande variété de pertes de substance tissulaire (peau, muscles, tendons, nerfs, vaisseaux, os, etc.) causées par des traumatismes, des malformations ou par le traitement chirurgical d'un cancer. Ces traitements se pratiquent dans de grands centres spécialisés de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique.
Du pied à la main
Est-elle utilisée sur les mains ?
Les premiers cas réalisés ont été des reconstructions de doigts amputés par transfert microchirurgical des orteils, prélevés sur le pied du patient. Les orteils transférés à la main remplacent les fonctions des doigts manquants grâce, non seulement au rétablissement de la vascularisation mais également à la réparation osseuse, tendineuse, nerveuse et de la peau. Les séquelles laissées sur le pied donneur sont en général minimes, permettant au patient de marcher et de courir correctement.
Transfert du péroné
Et sur la face ?
Un autre exemple de microchirurgie reconstructrice est le transfert de l'os péroné vascularisé pour reconstruire une grande perte de substance de la mandibule, suite à un traumatisme grave ou après un traitement chirurgical d'un cancer. L'os péroné est prélevé sur la jambe avec son artère et ses veines, afin d'assurer la vascularisation.
L'os est ensuite taillé et « sculpté » en forme de mandibule puis fixé par des vis ou des plaques métalliques au niveau de la mâchoire. La revascularisation de l'os transféré se fait toujours sous microscope avec connexion minutieuse de l'artère et des veines de l'os péroné avec les vaisseaux du cou. Parfois, le transfert de l'os péroné peut être associé à un muscle ou à la peau de la jambe en un seul bloc, en vue de restaurer les pertes de substance multi-tissulaire.
Les séquelles au niveau de la jambe donneuse sont souvent négligeables, n'entraînant qu'une simple cicatrice longitudinale, sans gêne fonctionnelle. La mâchoire ainsi reconstruite peut fonctionner tout à fait normalement et peut même recevoir des implants dentaires avec une parfaite vitalité de l'os transféré.
Reconstruction mammaire
Peut-on y avoir recours pour la reconstruction mammaire ?
La reconstruction du sein par transfert microchirurgical du lambeau DIEP* est une autre illustration parfaite de la microchirurgie reconstructrice. Développée en 1995, cette technique utilise les tissus cutanéo-graisseux abdominaux avec leurs vaisseaux nourriciers issus de l'artère et des veines épigastriques inférieures profondes. Les tissus du ventre ainsi prélevés sont ensuite placés au niveau du thorax avec suture, sous microscope, des artères et des veines afin de rétablir la vascularisation des tissus transférés, permettant de reconstruire le sein après mastectomie. Le site donneur du lambeau est fermé comme pour une plastie abdominale classique, avec un aspect esthétique souvent de très belle qualité. Le sein reconstruit par cette technique est généralement très naturel avec une belle forme sans utilisation d'implant. Cette technique microchirurgicale est, à ce jour, considérée comme une des meilleures solutions pour la reconstruction du sein après une mammectomie.