Ce lexique chirurgical est un précieux guide qui permet aux patients d’interpréter les termes – quelquefois érudits – utilisés par les chirurgiens. Il recouvre tous les vocables médicaux qui pourraient vous concerner : abdominoplastie, chéloïde, broscopie, laser Fraxel, mésolift, palprébable, sillon naso-génien, xérographie...
La dysmorphophobie est la crainte obsédante de voir son corps se déformer. La dysmorphophobie est la considération que toute ou partie de son corps n'est pas normale alors que c'est faux. C'est un défaut dans l'apparence qui va être à l'origine de l'obsession. La déformation peut être réelle ou imaginaire.
Ce trouble de l'image de soi est une pathologie mentale entrainant une angoisse réelle pouvant engendrer une dépression sévère et peut parfois conduire, dans les cas extrêmes, à des tentatives de suicide. La dysmorphophobie est une maladie pouvant aller jusqu'à la névrose obsessionnelle avec des phénomènes de désocialisation. Les cas les plus graves sont heureusement rares, ils apparaissent sur des terrains psychotiques et névrotiques et se traduisent par des délires paranoïaques. La dysmorphophobie va de la phobie sociale qui marginalise la vie affective, sexuelle, voir professionnelle jusqu'aux cas qui nécessitent une hospitalisation en milieu psychiatrique.
C'est souvent à l'adolescence que les premiers symptômes de dysmorphophobie apparaissent. Les filles sont souvent plus concernées que les garçons. Mais la plupart du temps ces complexes plutôt simples disparaissent avec l'épanouissement de la vie sexuelle. La métamorphose du corps des adolescents provoque des troubles relationnels. L'image de son propre corps change. La maturité grandissante des individus permet de surmonter ces difficultés passagères et de s'accepter tel que l'on est. Une dysmorphophobie peut être suspectée quand les difficultés de représentation de soi ne régressent pas mais au contraire s'accentuent. Les symptômes d'une dysmorphophobie vont de la volonté de cacher la partie de son corps soupçonnée d'être disgracieuse à la peur panique de son image sur n'importe quel support.
La démarche prioritaire à faire est une approche psychothérapeutique associée ou non à la prise d'anti dépresseurs en fonction de la gravité des cas. Pour les dysmorphophobie légères, une approche cognitive et comportementale bien adaptée peut offrir de bons résultats.
La dysmorphophobie avérée est une contre indication à la chirurgie esthétique. La plupart des individus iront directement chez le chirurgien esthétique pour faire disparaître le défaut qui empoisonne leur vie mais ceux qui sont atteints d'une forme grave de dysmorphophobie seront mécontents des résultats obtenus et voudront revenir plusieurs fois pour essayer de corriger l'impossible.
Dans le domaine particulier de la chirurgie plastique reconstructrice et esthétique, le dialogue entre le chirurgien qualifié en chirurgie esthétique et son patient est fondamental pour bien essayer de cerner la volonté réelle du patient, son désir profond de faire coïncider l'image de son corps avec ce qu'il ressent profondément. La prudence est toujours de mise avant une opération de transformation. Le consentement éclairé est indispensable dans la prise de décision du patient.
Les questions essentielles à poser sont les suivantes : Le défaut existe-t-il ? Le défaut retentit ou pas sur la psychologie du patient ? Pour corriger ce défaut existe-t-il un moyen chirurgical sûr et efficace ? Après la correction de ce défaut, est-ce que le patient va en retirer un bénéfice psychologique ?
Le but de toutes ces interrogations est de délivrer au patient une information complète pour qu'il puisse réfléchir à la stratégie, aux risques et aux résultats qui lui sont proposés et ainsi prendre la décision de l'intervention ou de la refuser en toute liberté. Le malade a le droit d'accepter ou de refuser ce que le médecin lui propose et non lui impose. Il y a aussi les risques liés au résultat avec la possibilité pour le patient d'être déçu par l'intervention (résultat inesthétique, visible, pas naturel, et.). L'origine d'un mauvais résultat est, dans la majorité des cas due soit à une erreur d'indication soit à une erreur stratégique, soit à la combinaison des deux.
Le dernier risque qui existe dans l'acte de chirurgie esthétique est directement lié à la motivation du patient et à sa personnalité. C'est un risque qui existe dans le cas où le dialogue entre le chirurgien et le patient fait apparaître une demande initiale qui diffère de la recherche de l'harmonie ou de la réparation d'un défaut visible engendrant une souffrance. Cela peut-être le cas dans la demande d'adolescent chez lequel la personnalité n'est pas entièrement constituée, chez des enfants qui ne demandent rien et que les parents emmènent en consultation, chez des personnes atteintes de dysmorphophobies plus ou moins importantes. Mais aussi dans d'autres cas où le patient peut envisager un changement de vie par la simple intervention de la chirurgie esthétique.
Le consentement éclairé permet au patient, après avoir reçu de la part du médecin une information claire, compréhensible et adaptée à ses capacités, de comprendre la nature des actes et prescriptions proposés, leur intérêt pour sa santé et les conséquences néfastes en cas de refus. Le médecin l'aide à réfléchir, lui apporte les explications qu'il souhaite, peut rectifier des erreurs d'appréciation, rappeler des données mal mémorisées. Le consentement éclairé ne représente pas tant une fin en soi que la marque d'une relation de bonne qualité avec le patient. Le chirurgien, par l'intermédiaire de la consultation et du consentement éclairé guidera le patient dans sa volonté ou pas de poursuivre l'acte chirurgical.