Selon un spécialiste de l'unité de chirurgie générale plastique, reconstructrice et esthétique, rattachée au service pédiatrique des soins intensifs des grands brûlés à l'hôpital Trousseau (Paris), les brûlures ne se définissent pas comme une maladie mais comme un défaut d'attention, notamment au regard des statistiques : 70 % des brûlures chez l'enfant résultent d'accidents domestiques. Elles se produisent la plupart du temps avec de l'eau bouillante, notamment chez les enfants de moins de cinq ans. Les chiffres de l'institut mère-enfant du CHU de Rennes attribuent 1 % des décès aux dégradations métaboliques et infections engendrées par des brûlures.
QUELS SONT LES RISQUES DE BRÛLURES LES PLUS COMMUNS CHEZ L'ENFANT ?
La plupart des brûlures sont occasionnées par des liquides brûlants renversés (lait, eau) ou une électrocution buccale. L'électricité, la chaleur ou des produits chimiques entraînent en général une nécrose évolutive.
COMMENT SAIT-ON SI UNE BRÛLURE EST BÉNIGNE OU MALIGNE ?
De légères ou de moyennes brûlures sont très douloureuses, la sensibilité est préservée et des cloques apparaissent rapidement. En revanche, une grave brûlure désensibilise complètement la partie atteinte, il n'y a donc aucune douleur. On ne peut jamais estimer l'importance d'une brûlure au premier abord. C'est pourquoi je suis d'autant plus vigilante pour certaines parties du corps qui seraient atteintes, notamment les endroits à peau fine (paupières, oreilles, narines) et le cuir chevelu dans lequel les liquides sont plus longtemps retenus. Généralement on peut juger définitivement de la gravité des brûlures en observant leur évolution : une brûlure bénigne se soigne en 21 jours ; une brûlure moyenne produit du pus pendant 21 jours, la cicatrisation ne se faisant pas avant 21 jours. En peu de mots, si moins de 5 % du corps est brûlé de manière superficielle (deuxième degré), c'est une brûlure légère. Sinon l'accident est considéré comme important.
OÙ SE SITUENT LA MAJEURE PARTIE DES BRÛLURES ?
Les parties du corps les plus concernées sont les plus exposées : le visage, les membres, la paume des mains.
QUELS PARAMÈTRES PRENEZ-VOUS EN COMPTE LORS DE VOTRE BILAN CLINIQUE ?
Les éléments tels la superficie, la profondeur et l'endroit de la brûlure entrent en ligne de compte, mais également l'âge de la victime et l'environnement. Les tables de Lund permettent d'estimer le pourcentage de surface brûlée. Cette technique est plus rigoureuse que la règle des 9 de Wallace.
TROIS DEGRÉS DE PROFONDEUR SONT À DISTINGUER
Une rougeur congestive de la peau (érythème) avec douleurs mais sans cloque caractérise le premier degré. L'épiderme, étant la seule couche concernée, se reconstitue en quelques jours sans conséquence. Si les tissus sont abîmés, alors des cloques apparaissent : c'est le deuxième degré.
Si la couche inférieure de la peau comportant les vaisseaux sanguins est bien rouge, c'est une légère brûlure du deuxième degré. Elle est très douloureuse. Parfois elle peut se résorber en seulement une semaine ou deux sans laisser de trace. Si la couche inférieure est blanche et tachetée de rouge, c'est une brûlure profonde du deuxième degré. Les douleurs sont modérées. La peau prend plusieurs semaines pour se reconstituer et garde des séquelles. À noter que l'indice douleur est le suivant : moins c'est douloureux, plus la gravité de la brûlure peut être importante.
Une nécrose de l'épiderme caractérise une brûlure du troisième degré. Il n'y a pas de cloque, la peau est foncée ou blanchâtre, et elle est desséchée. Les fibres nerveuses étant détruites, la zone est complètement désensibilisée et laisse apparaître les veines sous-cutanées.