Le saint des seins
Ptose mammaire
Dr Gounot, quelles femmes viennent-elles vous consulter pour des problèmes de seins vieillissants ?
Dès la quarantaine, certaines femmes peuvent éprouver le besoin de consulter pour différentes raisons ; notamment, à la suite de grossesses ou de régimes successifs. De plus, à l’approche de la ménopause, elles constatent souvent une évolution de leur poids à la hausse. Elles prennent en effet en moyenne une dizaine de kilos. Cet événement accentue de manière significative une hypertrophie mammaire déjà pré existante. A l’inverse, d’autres patientes, dont le poids reste stable, voient leurs seins se vider. L’ensemble des causes évoquées ci-dessus entraîne une ptose du sein (le sein a tendance à tomber). Cet état de « seins tombants » hyper ou hypotrophique constitue l’élément déclenchant de la consultation d’un plasticien. Ce phénomène peut provoquer des désordres psychologiques, quelquefois graves.
Cette chirurgie mammaire est donc très différente de celle que réclament certaines jeunes filles
D’une manière générale, les jeunes filles sollicitent des implants, victimes parfois de modèles féminins exposés dans les magazines de manière kaléidoscopique. En revanche, leur demande peut être tout à fait recevable dans le cas d’une hypotrophie mammaire sévère.
Les motivations sont-elles similaires ?
La jeune fille cherche à consolider son image « sociale ». Elle attache davantage d’importance à la conformité de son physique par rapport au critère de beauté. Alors que la femme mûre assoit sa féminité en assumant son corps et souhaite, au travers de sa demande, conforter son image.
Pourtant, l’évolution physiologique de la glande se poursuit naturellement, quel que soit le cas ?
Évidemment. Le sein a une tendance naturelle à la ptose avec l’âge.
Comment procédez-vous?
Pour préparer la modification d’un sein tombant, la technique est la suivante : la patiente s’installe face à un miroir et avec son bras opposé positionne son sein tel qu’elle l’imagine. Il me suffit alors de fixer la nouvelle image corporelle. Ensuite, s’il s’agit d’une ptose, je remodèle le sein en utilisant le volume mammaire existant, évitant ainsi l’implantation de matériel synthétique. De ce fait, la rançon cicatricielle est réduite au maximum : petite cicatrice autour de l’aréole et cicatrice verticale de l’aréole au sillon sous-mammaire. Il s’agit d’une technique mise au point par le Dr Lejour et le Dr Lassus. La partie basse est décollée (segment 3), remontée et suturée de façon à recréer le cône mammaire. La technique est assez délicate mais présente l’énorme avantage de ne pas introduire un corps étranger.
Donc pas de prothèse ?
Nombre de femmes, guidées par des revues plus ou moins alléchantes, sont persuadées qu’une prothèse résout facilement et définitivement leur problème. La réalité est toute autre car une prothèse inadaptée peut donner un résultat médiocre. Mon rôle, en temps que professionnel, consiste à informer et à dissuader la patiente à s’engager sur une mauvaise indication chirurgicale.
La dissuasion fait donc partie de votre mission ?
La dissuasion mais surtout l’orientation thérapeutique constituent un élément majeur de notre métier. Il en va de même pour des femmes réclamant une augmentation mammaire, alors qu’elles ont un volume sénologique parfaitement normal. Une poitrine plus volumineuse et non adaptée à sa morphologie n’apporterait rien à l’aspect esthétique d’une femme. En revanche, lorsqu’il faut manifestement procéder à une augmentation, alors il faut envisager de compléter l’intervention que je viens de décrire par l’implantation d’une prothèse. Il s’agit dans ce cas d’une autre méthode qui relève de la mise en place d’implants mammaires. Pour autant, je cherche à privilégier, autant que possible, le modelage du sein ptosé en évitant de ce fait la prothèse mammaire.
Faut-il prévoir des retouches ultérieures ?
En l’absence de prothèse, l’intervention est définitive. Dans le cadre d’une amélioration visuelle manifeste, le bénéfice psychologique est considérable !